J-Office, par Archi-Union Architects – 2010.

J-Office, par Archi-Union Architects – 2010.

Présentation générale

Ce projet architectural se trouve dans la ville de Shanghai, en Chine. Il s’agit de la réhabilitation d’un ancien entrepôt industriel en un studio de design, réalisée en 2010 par le groupement d’architectes Archi-Union Architects.

Parti pris

Le souhait principal a été celui de respecter le bâti ancien en le mettant en avant. L’ensemble du projet a alors pris corps autour de cette idée. Depuis la rue, le bâtiment se détache du contexte urbain par son implantation indépendante au sein d’une rue minérale assumée. Une façade paramétrique se dessine ; c’est elle qui nous intéressera par la suite. Le bâtiment admet une simple hauteur et s’enroule autour d’une cour centrale. Il n’y a qu’une seule grande ouverture par laquelle le visiteur est amené à pénétrer dans le bâtiment, l’apport en lumière à l’intérieur n’étant pas assuré par des fenêtres traditionnelles mais pas la façade en elle-même.

Une fois à l’intérieur, c’est un jeu de pièces d’expositions, de laboratoires, et de salle de travail qui se dessine, le tout articulé autour de la cour centrale, plantée au sol, en façade ainsi qu’en toiture.

Travail de façade

C’est cet élément qui nous intéresse pour cette analyse. Celui-ci a fait l’objet d’un traitement architecturale particulier. Cette façade est appelée « Silk Wall » (Mur de soie) et a pour objectif de reproduire les différentes « variations » observées naturellement sur cette matière.

La façade se compose de plusieurs milliers de demi-blocs de ciment issus de la récupération. Cet élément cubique est constituée de 4 faces sans fond, ce qui permet à la lumière de traverser l’objet si celui-ci est aligné horizontalement. Par sa forme, sa forte démocratisation et sa simplicité de fabrication, c’est un élément que l’on retrouve facilement sur l’ensemble du marché de la construction. Son coût en est d’autant plus réduit.

L’organisation spatiale des différentes pièces est issue d’un maillage paramétrique qui vise a apporter un jeu de texture particulier en faisant varier la position de chaque cube. Ainsi, ces derniers sont placés sur une même ligne de sorte à former la « coque » du bâtiment et c’est leur rotation unitaire autour d’un axe Z qui vient former le volume et la « rugosité » qui en découle.

Conçu en 2010, ce projet s’est intéressé à la conception paramétrée pour la mise en place de ces blocs. Une première itération a été réalisée grâce à un modèle de calculs mais des difficultés d’implantation, liée à l’architecture originelle du bâtiment, ne permirent pas de pleinement la respecter. Il a alors été nécessaire pour les architectes de redéfinir les différentes équations des matrices créées. En réduisant l’angle de rotation (réduit à 10 valeurs potentielles), les blocs de béton purent être placés. Pour permettre leur bon implantation, des sortes de détrompeurs, aussi appelés « guides » ont été placés. C’est une sorte de compromis entre geste architectural et réalisation sur site qu’il est nécessaire de considérer dans ce type de projet.

Analyse personnelle

En architecture, la notion de tolérance d’exécution sur site est un véritable sujet. Il est important de se rendre compte que les conditions sur chantier ne permettent pas nécessairement de respecter au millimètres près les indications d’un plan. C’est en ce sens que la tolérance Gros Œuvre se situe généralement aux alentours de 1cm.

Dans le cadre de ce projet, la matérialité « brute » des éléments constitutifs du mur permet d’accepter et de composer assez facilement avec cette marge d’erreur (inévitable sur un pattern aussi étendu). Ce sont des blocs de béton, imparfait par nature et la conception du mur intègre parfaitement cette réalité : la beauté de cette façade ne dépend pas de l’éventuel écart de quelques degrés d’un des blocs, mais bien de l’ensemble ; brut par ses éléments pris individuellement et fin lorsque l’on considère le tout.

Corentin GENEST – 2023