Façade du pavillon ©JK-AR

Détails du projet

Architectes : JK-AR
Date de réalisation : 2022
Ville / Pays : Jinju / Corée du Sud
Dimensions : 110 m2

Présentation

Ce pavillon a été pensé par l’architecte pour tenter de remettre au goût du jour l’architecture en bois. Ce savoir-faire s’est transmis de génération en génération depuis des siècles, mais tend à disparaître peu à peu face aux besoins du monde « moderne ». Les assemblages bois sont au coeur de la charpenterie traditionnelle coréenne est démontre d’un savoir-faire millénaire. Ce projet est composé de six arbres en assemblage bois de contreplaqué et rend hommage au six piliers de la façade du Chokseok-ru datant de 1365, un symbole pour la ville.

Les six piliers de la façade du Chokseok-ru ©AbodeStock

Conception

Le projet a été conçu pour redéfinir ce qu’est un « -ru ». À l’origine, un -« ru » est un bâtiment, pavillon, surélevé qui offre des vues sur le paysage pour des événements privés, mais aussi pour des usages militaires. Ici, l’architecte tente de redéfinir la fonction première du lieu en lui conférant un aspect public. Le projet est situé sur les berges de la rivière Nam, témoin de l’Histoire de la ville. Le Festival des Lumières Flottantes est un événement majeur de Jinju. Ce pavillon a été conçu pour offrir un des vues privilégiées aux passants durant le festival, ainsi que tout au long de l’année. Avant l’urbanisation massive de la ville les berges étaient recouvertes de forêt de bambous. L’architecte voulait refaire déambuler le passant à travers une forêt tout en offrant de magnifiques vues sur le paysage environnant. Ceci explique pourquoi la structure a une forme d’arbre.

Vue sur le paysage depuis l’intérieur ©JK-AR

Réalisation

Les objectifs du projet étaient de recréer l’ambiance d’une forêt tout en changeant la symbolique des « -ru » et d’utiliser la tradition constructive coréenne. Pour cela, l’architecte a fait appel aux outils paramétriques pour optimiser la conception et la production du pavillon. La modélisation des pièces s’est faite sur Rhino et Grasshopper. Puis, chacune de ces pièces ont été découpés à la fraiseuse CNC et ont été assemblé en utilisant la réalité augmentée afin de faciliter l’assemblage.

Tout d’abord, il est important de noter que malgré ce que l’on pourrait croire en observant les photos, les arbres en contreplaqué ne reprennent pas toutes les forces de la toiture. En effet, la construction s’est faite en plusieurs étapes. Une plateforme en béton surélevée du sol à d’abord était construite avec un mur en partie arrière du bâtiment. Ce dernier devant reprendre une partie des charges de la charpente. Des étais ont été utilisés pour soutenir la charpente durant sa construction puis les arbres ont été assemblés. Paradoxalement, après le visionnage de vidéos du chantier, il semble que les arbres aient commencé par être assemblés de haut puis vers le bas. Une fois les arbres assemblés, les étais sont retirés. La toiture dépasse en porte-à-faux venant créer un effet de légèreté assez efficace, le vitrage étant en retrait.

Étapes de la construction ©JK-AR

Les débuts de la charpente ©JK-AR

Assemblage des arbres ©JK-AR

Plan 1er étage ©JK-AR

Structure des arbres

Les arbres ont été créés de façon paramétrique sur Grasshopper dans Rhino en faisant du scripting. La conception paramétrique est très avantageuse dans ce cas-là, l’architecte à la possibilité de tester de nombreux paramètres pour créer l’effet qu’il recherche sans avoir à tout redessiner comme cela serait le cas en architecture « classique ». Cela lui permet de remplir un de ces objectifs de bases qui est l’optimisation de la productivité à la fois dans la phase pré-chantier mais aussi durant ce dernier. Toutes les pièces de chaque arbre ont été numérotées pour faciliter la découpe et la pose sur chantier.

Script Grasshopper ©JK-AR

Script Grasshopper ©JK-AR

Script Grasshopper ©JK-AR

Script Grasshopper ©JK-AR

L’architecte a décidé d’utiliser le contreplaqué pour ce projet. Une fois les pièces dessinées, elles ont été découpées à la fraiseuse CNC. Travailler en paramétrique permet d’exporter un fichier contenant toutes les données nécessaires pour découper la pièce. Ceci a plusieurs avantages notamment de ne pas éditer de plan pour chaque pièce, de pouvoir directement mettre le fichier propre à chaque pièce dans la CNC pour une découpe ultra précise avec des marges d’erreur infimes. En effet, dans ce genre d’assemblage très complexe, les marges d’erreur doivent être réduites au maximum. La bonne conception en amont permet un processus de fabrication sans encombre. Le gain de temps sur le chantier est très important.

Dessin des pièces sur Grasshopper ©JK-AR

Découpe à la fraiseuse CNC ©JK-AR

Numérotation des pièces découpées ©JK-AR

Pièces découpées à la fraiseuse CNC ©JK-AR

Pièces découpées à la fraiseuse CNC ©JK-AR

L’emploi de la réalité augmentée permet d’avoir des plans en trois dimensions lors du montage et donc encore une fois de réduire les erreurs potentielles lors de ce type d’assemblage ambitieux.

Plan en réalité augmentée ©JK-AR

Plan en réalité augmentée ©JK-AR

L’assemblage en lui-même paraît compliqué, mais assisté par des outils numériques, l’opération est rendue plus simple. Ce puzzle a échelle 1:1 se répètent sur les six arbres. Les types d’assemblage bois sont un type d’assemblage à queue droite, d’assemblage mi-bois et d’enfourchement simple. Des chevilles bois uniques conçues spécialement pour le projet. Elles sont en forme de « U « et viennent bloquer les enfourchements simples en partie basse de l’arbre. Les assemblages mi-bois sont en partie haute de l’arbre. Tandis que les assemblages à queue droite sont sur les toutes premières branches en bas. Cependant, je n’ai pas trouvé d’information concernant la procédure de montage.

Axométries des détails d’assemblages ©JK-AR

Assemblage à queue droite ©JK-AR

Cheville « U » sur enfourchement simple©JK-AR

Conclusion

À première vue, ce projet semble être un pavillon structure lambda. Cependant, en creusant le sujet, le « Pavilion of Floating Lights » est chargé de références à l’Histoire de la ville. Il se veut être le renouveau de la construction bois en Corée du Sud. Chacun sera libre de juger si c’est le cas, mais les ambitions de l’architecte dans la conception et la réalisation sont bien présentes. Il utilise la conception paramétrique pour maîtriser tous les aspects de sa structure complexe en assemblage bois. Ce qui m’a le plus surpris et l’utilisation de la réalité virtuelle sur le chantier pour encore une fois ne laisser aucune place aux potentielles erreurs. Même si les arbres ne reprennent pas l’intégralité des charges du bâtiment cela reste assez impressionnant. J’ai été très intéressé de découvrir l’impact que peut avoir l’emploi de solution numérique tout au long de la conception, la production, et réalisation du projet.

Bibliographie

https://forgottenmonuments.com/pavilion-of-floating-lights 

Vidéo sur l’artisanat digital par l’architecte : ici

Vidéo sur le pavillon par l’architecte : ici