Ce projet de rénovation de bureaux à Boston par l’agence dECOI Architectes est un très bon exemple de continuum numérique, où conception, modélisation et fabrication, où architectes, ingénieurs et artisans, où procédés technologiques et matière première naturelle se retrouvent intrinsèquement liés.
dECOi Mark Goulthorpe (Principal), Raphael Crespin (architecte du projet), Gabriel Bleu Cira, Matt Trimble, Priyanka Shah MIT Kaustuv de Biswas Mathématiques Professeur Alex Scott (Université d’ Oxford) Consultants Helen Heitman, Pablo Garcia (Gensler Associates) Entrepreneur général Paul Jacobson ( Tricore) Entrepreneur Shawn Keller (CWKeller) chez Millwork
Les architectes se sont pour ce projet inspirés de deux de leurs réalisations précédentes, à savoir : une sculpture (voir photo suivante) et un projet architectural (http://web.mit.edu/mg_decoi/www/miran/). On retrouve ainsi dans ces deux références, d’une part l’aspect formel, d’autre part le matériau renouvelable bois, mais aussi le procédé technique consistant à venir assembler les unes contre les autres des plaques de contreplaqué d’épicéa découpées en 2 dimensions afin de créer des volumes et formes complexes organiques en 3 dimensions.
dECOi (Mark Goulthorpe)
In the Shadow of Ledoux, 1993
Sculpture
Bois, métal
325 x 345 x 160 cm
© François Lauginie
Détail d’un volume créé par l’assemblage de panneaux fraisés en 2 dimensions
Le maitre d’ouvrage étant un groupe d’investissement oeuvrant dans domaine du bâtiment durable et des technologies d’énergies propres, le choix de l’utilisation de bois provenant de forêts durables (mais de Finlande…) s’est alors logiquement imposé. Ce projet a nécessité l’utilisation d’une CNC 3 axes afin de venir fraiser ces quelques 1200 panneaux de 120 x 365 cm et 13 mm d’épaisseur. Les déchets, ne représentant qu’environ 10% grâce à une optimisation maximale des panneaux, ont été recyclés en pâte.
Une des CNC 3 axes utilisée pour la découpe des panneaux de contreplaqué
Parti donc d’un à priori formel et technique, le concept développé par les architectes a été de créer, à l’aides des lamelles de bois assemblées, et par l’articulation de 2 plans que sont le plafond et le sol, des éléments fonctionnels faisant alors office de point de rencontre entre ceux-ci. Sont alors crées des éléments de mobiliers tels que des assises, des bancs, des bureaux. Tous les éléments techniques ont eux aussi pu être intégrés astucieusement par des dépressions créées au sein des formes générées tels que les luminaires, les extraction d’air, etc …
Exemple d’intégration et de création d’éléments fonctionnels en 3 dimensions par l’articulation et la juxtaposition de plans en 2 dimensions
Axonométrie du plafond, du sol, et du mobilier, créés par l’assemblage des lames de bois
Ce projet résulte de la mise en place et de l’exploitation d’un environnement totalement CAO-FAO dans la démarche de conception et de fabrication. Si des algorithmes ont permis de générer ces formes si complexes, ils ont aussi permis de créer les fichiers de fraisage qui ont permis la découpe des milliers de panneaux de contreplaqué et de réduire ainsi les possibilités d’erreurs en optimisant la précision. En effet, contrairement à l’humain, pour la CNC aucune forme n’est complexe, tant qu’on lui transmet des fichiers précis.
Après l’usinage des pièces et le pré-assemblage de celles-ci effectué en atelier par des artisans, les éléments sont amenés sur le chantier et déposés par une grue.
Découpe du bois
Pré-assemblage des panneaux
Acheminement sur le site et levage
Sur place, les artisans n’ont plus à procéder qu’au levage des assemblages, à leur mise en place et à la fixation de ceux-ci. Ici, les éléments de plafond sont suspendus par des tirants métalliques ancrés dans la dalle porteuse supérieure.
Fixation des panneaux suspendus
Mise en place des assemblages par les artisans
Si à première vue, l’idée de continuum numérique n’évoque pas directement les liens étroits qui peuvent être crées entre architectes et artisans, et nouvelles technologies et développement durable, il en est tout autre. Même si ici, l’aspect « développement durable » vendu par les architecte est difficilement recevable lorsqu’on s’aperçoit que le bois utilisé pour ce chantier à Boston est de l’épicéa de Finlande, il n’en est pas moins que l’avènement de ces nouvelles techniques va relancer le marché de la construction bois, en abaissant les coûts de construction du part, et en augmentant les possibilités créatives. Ces nouvelles manières de travailler seront de plus, vecteur d’emplois et de formations, et pourront en France s’intégrer dans une démarche d’exploitation et de valorisation des ressources locales.
Ressources :
- https://www.archdaily.com/778976/one-main-office-renovation-decoi-architects
- https://architizer.com/projects/one-main/
- http://radlabinc.com/project/one-main/
- http://www.raphaelcrespin.com/Projects/one-main/
- http://www.decoi-architects.org/2011/10/onemain/
- http://web.mit.edu/mg_decoi/www/miran/
- https://www.metsawood.com/global/news-media/references/Pages/One-Main-office.aspx