Marc Fornes & La conception numérique : fusion entre l’enveloppe et la structure.
Marc Formes est un architecte, designers et artiste Français. Il y a une dizaine d’années, il fonde THEVERYMANY, un studio d’architecture & de design basé à New York. Son but à travers ses projets : repousser « les limites de la forme, de la structure et de l’espace ». Pour ce faire, l’architecte utilise la conception paramétrique comme moyen de fabrication. Le studio est aujourd’hui un véritable laboratoire du continuum numérique. Il met en place des codes et des protocoles informatique, qui permettent d’établir des géométries à la fois complexes et rationnelles.
Form of Wander, Tampa en Floride, 2108
Louis Vuitton Pop-Up, Collaboration avec Yayoi Kusama, London, 2012
Le projet de Marc Fornes pour l’entreprise Louis Vuitton, expose la toute première « structure de coque auto-portée ». Une structure est auto-portée lorsque que sa stabilité est assurée par sa forme. Elle supporte son propre poids et ne possède aucun appuis. Ici, chaque portique est conçut en fibre de carbone. Le motif est extrudé dans la matière grâce à la découpe jet d’eau chargé d’abrasif ; cette technique robotisée consiste à comprimée de l’eau (2 000 à 4 000 bar) afin de propulser de l’abrasif (le grenat). Ce projet est l’un des premiers d’une nombreuse série d’objets, plus ou moins grand. En effet le studio travail de manière empirique, où chaque oeuvre née de l’expérience des autres.
Marc Fornes à travers ses projets s’inscrit dans la nouvelle ère de « l’enveloppe structurelle ». En effet, la convergence entre les outils de calculs et de dessins permet d’imaginer & de construire de nouvelles formes, qui sortent des traditionnels poteaux/poutres/planchers ou murs/planchers. L’architecture avec ces logiciels se libère de la maquette traditionnelle. Mais, il faut faire attention à ne pas se faire emporter par la machine et toujours garder un regard critique, car ils génèrent parfois des formes que l’ont n’avaient pas prédit.
De la pièce à l’objet : vers une architecture modulaire
Le Saule Voûté, Pavillon permanent d’art public, Canada, 2014
Le studio grâce à son travail approfondi sur les matériaux et leur développement géométrique, met un point une technique qu’ils vont appliquer à toutes les échelles. Il s’agit de diviser la forme en une multitude de pièces découpées, sur une surface plane. Le tout assemblé, la courbe apparaît. Marc Fornes, joue très souvent avec les couleurs. Il les puise dans l’environnement proche (palette environnementale) pour camoufler l’objet ; ou bien choisit des couleurs beaucoup plus artificielles pour créer un signal, un point de repère. Ces jeux de couleurs accentuent cette effet d’assemblage complexe de petite pièce les unes avec les autres. Le résultat final laisse souvent le visiteur perplexe quand à la fonction de l’objet : une oeuvre d’art ou en projet architectural ?
Wanderwall fachte, Charlotte en Caroline du nord, 2018
Ce projet consiste à réinventer la façade sud-ouest et sud-est d’un espace de stationnement, sur 8 étages. L’ensemble n’utilise aucune structure secondaire, les fixations sont inclus dans la conception du tout. L’enveloppe est composée de 5 768 pièces individuelles et uniques, formant un dégradé de couleurs tel une oeuvre d’art au milieu du quartier. En plus d’être une enveloppe de protection, cette façade agit sur nous comme un repère coloré, il attire notre attention et donne une impression de mouvement au bâtiment. La perception de loin comme de prêt, n’est jamais la même.
A travers ces projets, Marc Fornes cherche à améliorer notre quotidien en y apportant surprise, gaieté et interrogation. Les motifs, les couleurs et les formes font travailler l’imaginaire des plus petits et des plus grands, comme le ferrait une peinture de Van Gogh. Pour aller plus loin, on trouve des similitudes dans le processus de création, des deux auteurs. En effet, l’impressionnisme est un mouvement visant à mettre en valeur chaque coups de pinceaux de la composition plutôt que l’aspect stable des choses. Les oeuvres du studio Theverymany illustre cette même idée, que le tout est composé d’une multitude de pièces. Cette forme de conception s’appelle en informatique : la programmation modulaire. L’idée est de fabriquer un produit à partir de composants. On peut imaginer qu’a travers l’utilisation des logiciels, Marc Fornes invente une forme et le logiciel s’occupe de diviser l’objet en différentes pièces, qui permettront sa construction.
Van Gogh, Ciel étoilé, Peinture à l’huile, 1889
« Créer des expériences unique et sans précédent »
Pillars of dreams, Valerie C. Woodard Center – Charlotte en Caroline du nord
Au-delà de produire une architecture très visuelle et dite « objet », il s’agit pour l’architecte de créer pour le visiteur de nouvelles manières de pratiquer l’espace. Il est vrai que ces objets aux formes plutôt organiques, offrent des volumes inédits. Au milieu d’un espace public, les œuvres de TheVeryMany surgissent tel un ovni. Mais finalement, n’est-ce pas ce côté étrange qui nous attire ? Une oeuvre d’art, un espace de jeux pour enfant, un lieu pour s’abriter de la pluie ou bien du soleil, la fonction de l’objet est changeante en fonction du lieu, des saisons et des usagers.
Boolean operator, Suzhou en Chine, 2018
Ce pavillon, installé au milieu d’une place publique, fut imaginé pour la Biennale du Lac Jinji. Par cette intervention, Marc Fornes vient complètement bouleverser les parcours et la perception sur cet espace. Il induit les déplacements : détourner, se baisser, enjamber ; les visiteurs est acteur de l’architecture.
L’ère du numérique comme le post modernisme, tend à mettre en place de nouvelles technologies, non seulement pour créer des espaces nouveaux comme le permettait le plan libre, mais aussi pour répondre aux enjeux environnementaux actuels. La conception numérique, permet de rationaliser les formes et de limiter la quantité de matière. Les oeuvres de Marc Fornes, sont des objets utilisés dans les espaces publics, mais pas à des fin d’habitats. A quand un projet d’espace vivable ? Un logement, des bureaux ? Afin de voir jusqu’où, on peut aller avec ces logiciels.